Dans le carton de photos que mon papa a récupéré après le décès de ma grand-mère, il n’y avait pas que des photos, il y avait aussi une lettre.
Elle est adressée à Firmin Léopold GUÉRIN, à l’Hôpital Février, salle 37, à Châlons-sur-Marne.
Elle est signée par E. GUÉRIN, le père de Firmin et est datée du 1er octobre 1915.
Transcription :
La Selle-la-Forge 1er octobre 1915
Bien cher enfant Firmin
J’ai reçu tes deux cartes aujourd'hui
l’une du 25 l’autre du 29 hier une du
23 il nous ennuyait beaucoup de ne
rien recevoir de ta part, le major disait
dans la première maladie au début
en observation, dans celle du 25 reçue
mardi (amélioration) je vois dans ta
dernière que tu as encore de la fièvre, il
vaudrait mieux pour toi que tu reste en-
core quelques jours à Châlons d’ici que la
fièvre soit retirée, avant que de t’envoyé
plus loin, cela pourrait te faire de l’effet
étant si faible comme tu dois être, surtout
ne fais pas d’imprudence, écris nous souvent
Charles est à l’hôpital aussi, il a été opéré
il a un abcès au bas des reins, effet de la
selle de cheval, espérons que cela ne va pas
duré pour lui mais pour toi il faut le temps
surtout pas d’imprudence. Pour nous ça va
assez pour le moment. Hervé est parti
(suite sur le côté)
de mercredi, nous sommes presque seul, enfin on s’arrangera
comme on pourra ton tout dévoué père qui te souhaite meilleur santé
Firmin Léopold GUÉRIN est mon arrière-grand-père. Il est né le 7 avril 1890 à La Selle-la-Forge.
Il appartient donc à la classe 1910.
Il est plutôt grand pour l’époque, il mesure 1m73. Il est blond aux yeux bleu clair.
Il est incorporé au 1er régiment de cuirassiers le 2 octobre 1911.
Passé dans la réserve le 8 novembre 1913, il est rappelé à l’activité le 1er décembre 1914, il part aux armées le 7 juillet 1915 et y reste jusqu’à son envoi en congé illimité le 5 août 1919.
Sa fiche matricule ne fait pas mention de son hospitalisation.
Charles, dont il est fait mention dans la lettre est son frère aîné : Charles Frédéric GUÉRIN, né le 24 septembre 1878. Il est plus grand que son frère, il mesure 1m75 et a les cheveux, les sourcils et les yeux châtain clair.
Il effectue son service du 16 novembre 1899 au 20 septembre 1902 au 26e régiment d’artillerie. Il passe dans la réserve avec le grade de Maréchal des Logis.
Il est rappelé à l’activité le 3 août 1914 au 44e régiment d’artillerie. Il passe toute la guerre aux armées et est envoyé en congé illimité le 2 février 1919. Il obtient le grade d’adjudant le 18 mars 1918.
Sa fiche matricule ne fait pas non plus mention de son opération.
J’ignore qui est Hervé dont parle son père, il n’y a pas de Hervé dans sa fratrie, ni dans sa famille proche.
Charles et Firmin ont 4 autres frères, tous ont participé au conflit.
Paul Victor GUÉRIN est né le 25 janvier 1880. Plus petit que ses frères, il mesure 1m70. Il a les cheveux et sourcils châtain clair et les yeux bleu.
Il a obtenu un sursis car son frère est au service. Il effectue son service du 14 novembre 1902 au 21 septembre 1903 au 104e régiment d’infanterie.
Rappelé à l’activité le 12 août 1914, il est évacué blessé le 7 septembre : il a reçu une balle dans la cuisse gauche. Vite guéri, il repart aux armées le 4 octobre 1914. Il obtient la croix de guerre pour avoir « fait preuve d’énergie et de sang-froid dans son emploi de brancardier ».
Il est envoyé en congé illimité le 8 février 1919.
Frédéric « Joseph » GUÉRIN est né le 18 mars 1882. Cheveux et sourcils châtains, yeux marron foncé, il mesure 1m65 et effectue son service du 16 novembre 1903 au 23 septembre 1906 au 36e régiment d'infanterie, il quitte l’armée avec le grade de caporal.
Rappelé à l’activité le 12 août 1914, il est tué à l’ennemi le 18 septembre 1914 à Rembercourt aux Pots, il avait 32 ans. Il laisse une veuve et 2 enfants alors âgés de 5 et 3 ans.
François Constant GUÉRIN voit le jour le 5 novembre 1884. Il mesure 1m76 et a les cheveux et sourcils brun, les yeux bleu.
Ajourné parce qu’un de ses frères est au service, il effectue le sien du 8 octobre 1905 au 18 septembre 1906 au 31e régiment d’artillerie.
Comme ses frères, il est rappelé à l’activité le 3 août 1914. Il intègre un régiment d’artillerie lourde en 1915. Il est envoyé en congé illimité le 5 mars 1919.
Il obtient aussi une croix de guerre : « très bon conducteur, a toujours fait preuve de courage et de dévouement, a assuré la ravitaillement dans des conditions particulièrement difficile ».
Eugène Cyrille GUÉRIN est né le 28 janvier 1887. Il mesure 1m71 et a cheveux et sourcils châtains clairs, yeux bleu.
Il effectue son service au 1er régiment de génie du 7 octobre 1908 au 25 septembre 1910.
Rappelé à l’activité le 3 août au 1er régiment de génie, il passe au 26e régiment d’artillerie en décembre 1917. Il est envoyé en congé illimité le 19 mars 1919.
Au moment où il écrit la lettre, Eugène Pierre GUÉRIN (1850-1927), mon arrière-arrière-grand-père a ses 5 fils au front, le 6e étant décédé 1 an auparavant.
Il a 65 ans et est cultivateur à La Selle-la-Forge. Il y vit avec son épouse Virginie Augustine HALBOUT (1854-1926), 61 ans au moment du courrier.
Eugène et Virginie, en 1920 |
Avec tous ses enfants au front et avec la perte de l’un d’entre eux, on comprend aisément qu’il encourage Firmin à prendre son temps pour se rétablir.
Fort heureusement, ses 5 fils reviendront vivant de la guerre mais quelle angoisse Eugène et Virginie ont-ils dû vivre pendant plus de 4 ans.
Merveilleuse famille. Merci d'avoir partagé cette lettre avec nous. Amitiés
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