Rendons à César ce
qui est à César : si toute la partie généalogique est issue
de mes recherches personnelles, une grande partie des infos de cet
article (notamment toute la partie « historique ») est
issue du numéro spécial du Journal Communal de La Selle La Forge du
14 décembre 1989 édité à l'occasion des 200 ans de la parution du
décret qui créait les municipalités le 14 décembre 1789.
Dans ce numéro
spécial était publié l'important travail de Fabrice Viel consacré
à « Deux siècles d'administration et de vie municipale à La
Selle La Forge ».
Je ne sais pas
exactement qui est Fabrice Viel mais qu'il en soit remercié !
Pour situer
géographiquement, La Selle La Forge est une commune de l'Orne, en
Normandie, située au nord-ouest du département à proximité de la
ville de Flers. Peuplée d'après le dernier recensement en 2013 de 1
432 habitants, elle en comptait 965 en 1793 et 1 050 en 1800.
Commençons par un
rappel historique.
L'article III de la
Déclaration des droits de l'homme et du citoyen édictée par les
constituants le 26 août 1789 est le premier texte à proclamer la
souveraineté nationale et à reconnaître les droits civiques du
peuple français. C'est en vertu de cette loi fondamentale qu'on
procède régulièrement au renouvellement des conseils municipaux.
Jusqu'à la fin de
l'Ancien Régime, il n'existait, dans le cadre de la petite paroisse
rurale qu'était La Selle, aucune organisation municipale proprement
dite. Les habitants s'assemblaient « en forme de commun et
général » sur convocation de leur syndic (agent de la
communauté rurale élu par les chefs de famille pour agir au nom de
la collectivité et prendre soin de ses intérêts) ou au son de la
cloche « à l'issue de la grand'messe paroissiale » ou
des « vespres » pour délibérer des affaires de la
communauté.
En 1787 , s'opéra
une profonde modification de l'organisation administrative des
campagnes. Un édit de juin, complété par le règlement du 15
juillet suivant, établissait dans chaque communauté rurale deux
sortes d'assemblée :
- une assemblée
paroissiale composée de taillables payant au moins 10 livres
d'imposition foncière. Les taillables sont les contribuables
assujettis au paiement de la taille, impôt direct d'Ancien Régime.
Le Clergé et le Noblesse, ordres privilégiés, ne payaient pas
cette redevance.
- une assemblée
municipale de 6 membres élus parmi les hommes de plus de 25 ans,
ayant un an de résidence dans la paroisse et payant au moins 30
livres d'impôt.
Ces assemblées
avaient le soin de gérer les intérêts locaux, l'application sur
leur territoire des décisions du gouvernement, l'entretien des
bâtiments communaux et la répartition et collecte des impôts.
La constitution
définitive des municipalités rurales souffrit en général d'un
certain retard et ce n'est finalement qu'en mai 1788 que la liste en
fut établie pour ce qui concerne La Selle La Forge.
Les circonstances
historiques et le contexte politique ne permirent pas à cette
institution d'acquérir une maturité ni de procurer les bienfaits
que le gouvernement en avait espéré.
La loi du 12
novembre 1789 mit fin à son existence.
Cette loi décidait
de la création d'un municipalité dans chaque paroisse qui
deviendrait bientôt commune et un décret du 14 décembre suivant en
précisait le mode de désignation.
Les élections
eurent lieu en janvier-février 1790. A La Selle La Forge, le corps
municipal était formé de 5 officiers municipaux et présidé par le
maire directement élu par les citoyens actifs.
Étaient électeurs
ou « citoyens actifs » les hommes agés de 25 ans ou
plus, ayant un an de domicile dans la commune et payant dans la
commune une contribution directe de la valeur locale de trois
journées de travail.
A l'aube de le
Révolution Française, les communautés rurales du Bocage, en quête
d'un individu susceptible de les représenter, se tournèrent assez
souvent vers leur curé, leur notaire, leur médecin....
Ce ne fut pas le cas
à La Selle La Forge.
Pierre Guérin naît
le 10 avril 1741 dans la paroisse Saint Sauveur de La Selle. Il
appartient à la branche des Guérin « Belenclos ». Il
est le fils de François Guérin et de Marguerite Delaunay qui se
sont mariés dans la même paroisse le 27 novembre 1738.
Il se marie le 4 mai
1762 à Bellou en Houlme avec Charlotte Leportier. De cet union
naîtront 10 enfants.
À la suite de
l'édit de 1787, la première municipalité s'organise. Pierre Guérin
en est le greffier.
Compte tenu de ses
fonctions et de ses compétences, c'est lui qui fut choisi lorsqu'il
fallu élire un maire en 1790.
Le premier maire
appartient au négoce mais le vocable « marchand » sous
lequel il est désigné renseigne fort mal de son activité précise.
On peut penser que que son commerce fut en liaison avec la production
agricole. Son père, François Guérin « Belenclos »
apparaît comme « propriétaire », il était relativement
aisé, tenant une certaine puissance socio-économique de l'étendue
de la terre qu'il exploitait, de l'emploi qu'il procurait à la masse
paysanne et de la possession d'animaux de trait.
Son mandat de maire
arrivé à expiration, Pierre Guérin ne reparaît dans la vie
publique qu'en 1798. La famille Guérin ayant l'un des siens « aux
Chouans », il est possible que sa carrière ait pâti des
agissements contre-révolutionnaires de son petit-cousin Jacques
Charles Guérin « des Rivières » qui n'est autre que le
célèbre chef chouan, lieutenant de la Légion de Flers, plus connu
sous le pseudonyme de « Voltige » auquel la ville de
Flers dédia plus tard une rue. Jacques Charles guérin est le fils
de Charles Guérin sieur des Rivières, cousin germain de Pierre
Guérin.
Devenu veuf, Pierre
Guérin épouse en secondes noces le 24 juin 1793 Madeleine Fouche
originaire de Landigou.
À partir d'octobre
1798, Pierre Guérin représente les intérêts de sa commune en
qualité d'agent municipal au sein de la municipalité du canton de
La Carneille.
En juin 1799, il est
nommé maire provisoire puis maire à part entière. Mais le mois
suivant, le premier préfet du département lui préférera quelqu'un
d'autre.
Le premier maire de
la Selle La Forge décède le 6 décembre 1810 à l'âge de 69 ans.
Le dévouement au
service de l'administration municipale est traditionnel et
héréditaire chez les Guérin « Belenclos ». François
Guérin (1768-1840), fils de Pierre Guérin fut conseiller municipal
de 1813 à 1832. François Guérin (1799-1881) fils de François,
petit-fils de Pierre, fut conseiller municipal de 1860 à 1881 et
maire de 1862 à 1870. Son frère, Arsène Guérin (1811-1884) fut
conseiller municipal en 1884.
Eugène Guérin
(1850-1927), grand-père de ma grand-mère paternelle,
arrière-petit-fils de Pierre Guérin et neveu de François et Arsène
ci-dessus nommés, fut conseiller municipal de 1900 à 1927.
Plusieurs autres de
mes ancêtres directs furent membre du conseil municipal de La Selle
La Forge.
L'arrière-grand-père
de ma grand-mère et beau-père d'Eugène Guérin, Jacques Halbout
(1807-1884) fut conseiller municipal de 1865 à 1881.
Du côté maternel
de ma grand-mère, Louis François Lecornu (1792-1857) fut conseiller
municipal de 1832 à 1860. Son fils François Lecornu (1815-1884) le
fut de 1874 à 1884.
j'aime bien ta manière d'écrire, on ne s'ennuie pas une seconde, bravo!
RépondreSupprimerquelle belle passion tu as là! savoir d'où on vient permet de mieux connaitre qui on est... ça me plairait de faire des recherches moi aussi.. un jour peut être!
Génial ! Moi qui étais sûre de connaitre très bien l'histoire des communes françaises je viens d'en apprendre encore!
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