Ce mois-ci, nous nous rendons à Ségrie Fontaine, petite commune de l’Orne située au nord-ouest du département. Au recensement de 1886, elle comptait 615 habitants.
Nous sommes le 5 février 1888, dans la matinée, et comme sur une bonne partie de la France, le froid est intense. Les températures relevées à Paris avoisinent les -15°C.
En ce 5 février
1888, il fait un froid glacial et vous vous mariez Ferdinand et
Florentine.
J’aurai aimé
discuter un peu avec vous, mais il fait tellement froid que vous ne
vous êtes pas attardés dehors après le mariage à la mairie et
vous vous êtes vite engouffrés dans l’église. Il n’y fait pas
forcément plus chaud mais au moins, on y est à l’abri des
courants d’air.
Ferdinand, tu vas
avoir 22 ans dans 2 semaines et tu es maçon comme l’était ton
père. Et toi, Florentine, tu as 28 ans et tu es tisserande.
C’est de vos pères
que j’aurai aimé discuter avec vous car aucun des 2 n’est né
dans l’Orne.
Ferdinand, ton père
Louis Michel POTTIER est né à Chevaigné du Maine, en Mayenne à
une cinquantaine de kilomètres au sud d’ici et il est venu se
marier et s’établir à Saint Honorine La Guillaume, distante de
10km de Ségrie Fontaine.
Quant à toi
Florentine, ton père Pierre Auguste LEPLANOIS a aussi fait une
migration d’une cinquantaine de kilomètres mais lui est arrivé de
l’ouest, de Clinchamps dans le Calvados. Et il s’est marié ici
à Ségrie Fontaine.
Qu’est-ce qui les
a poussés à parcourir ces distances et venir s’établir dans ce
petit coin d’Orne ?
Oh, j’ai bien une
petite idée. Effectivement, ton père, Ferdinand, était maçon et
ton père Florentine, est tailleur de pierre comme son père avant
lui, et du côté de ta mère, tes arrière-grand-père et
arrière-arrière-grand-père étaient aussi tailleurs de pierre...
Alors ?
Compagnonnage ? Chantier important dans la région ?
Je ne pourrai
questionner Louis Michel POTTIER, il est décédé en 1882 mais
peut-être pourrai-je discuter avec Pierre Auguste LEPLANOIS à
l’issue de la cérémonie...
Il est assez drôle
de constater que vos parents se sont mariés la même année à 20
jours d’intervalle... Peut-on en conclure que vos pères sont
arrivés par ici à la même époque ?
La cérémonie de
mariage s’éternise... Le froid est intense... Je sens mes membres
s’engourdir... Je ne dois pas m’assoupir si je veux pouvoir
discuter avec vous...
Mais c’est trop
dur... Tout à coup, je sursaute : me voilà revenue en 2017...
Je reste une fois de plus avec mes questions...
Louis Michel
POTTIER est né à Chevaigné du Maine (Mayenne) le 9 juillet 1828.
Le 10 janvier
1853, il épouse à Sainte Honorine La Guillaume (Orne), Marie
Françoise Florentine LANGE née le 10 août 1831. Ils auront 9
enfants entre 1853 et 1876 dont Ferdinand Gaston POTTIER né le 19
février 1866. Il décède 1 mois avant son 54e
anniversaire le 1er juin 1882 à Sainte Honorine La
Guillaume.
Pierre Auguste
LEPLANOIS est né à Clinchamps (Calvados, aujourd’hui Mesnil
Clinchamps) le 19 mars 1830.
Le 30 janvier
1853, il épouse à Ségrie Fontaine (Orne), Modeste, Aline MALHERE
née le 3 décembre 1824. Ils auront 7 enfants nés entre 1853 et
1867 dont Léontine Florentine LEPLANOIS née le 15 avril 1859. Je
n’ai pas encore trouvé le décès de Pierre Auguste..
Le père de
Pierre Auguste, Jean François LEPLANOIS était tailleur de pierre.
Modeste, Aline
MALHERE est l’enfant naturel de Marie, Françoise Catherine MALHERE
dont le père François MALHERE était tailleur de pierre, piqueur de
caveau et le grand-père Pierre MALHERE, piqueur de pierre.
Je ne sais pas
vraiment ce qui se cache derrière les appellations « piqueur
de caveau » et « piqueur de pierre ».
Ferdinand
et Florentine auront 7
enfants entre 1889 et 1900 dont mon arrière-grand-mère paternelle,
Marie, Augustine, Émilienne POTTIER (dite Augustine) née le 14 août
1889 et décédée le 5 janvier 1983.
Je trouve ça drôlement intéressant comme "exercice"! Et ton blog est toujours aussi passionnant, merci!
RépondreSupprimerBeaucoup de questions, mais déjà des réponses pour connaitre l'histoire de ce couple. Comment sais-tu qu'il faisait si froid ? J'en tremble encore, il me semble être avec vous dans l'église !
RépondreSupprimerJ'ai fait une recherche sur la météo de 1888 et apparemment, cette année-là a été particulièrement froide, il a même neigé en Belgique et sur le nord de la France en juillet 1888.
SupprimerJ'ai trouvé des relevés de la station météo de Paris de l'époque et début février, il faisait -15 et le froid était apparemment général sur toute le France. Et dans mon petit coin d'Orne, il fait toujours plus froid qu'à Paris.