dimanche 28 octobre 2018

Tranche de vie : les contrariétés de Frédéric

Cette histoire est basée sur des faits généalogiques réels mais a été légèrement romancée par mes soins. Elle s’insère dans la rubrique « Tranche de vie » initiée avec cet article.

Frédéric Marc MAZOT et Prudence « Sévère » CHICOT vivent au hameau des Bordeaux sur la commune d’Eturqueraye dans l’Eure. Frédéric est journalier, il loue ses services au besoin dans les fermes voisines.

Ce 22 mars 1867 à 9h, Frédéric se rend à la mairie pour déclarer la naissance de son troisième enfant, son premier fils Henri Désiré Frédéric est né ce matin à 6 heures.

Sévère et lui sont déjà parents de 3 filles : Almédorine Emilie a 18 ans et demi, Louise « Albertine » presque 12 ans et Marie « Adelina » un peu plus de 10 ans.

Sa fille aînée Almédorine est servante de ferme à Routot, commune voisine. Il est contrarié car il vient de découvrir que cette dernière est enceinte. D’après sa femme, elle serait enceinte d’environ 5 mois. Il a eu beau la questionner, elle a refusé de dire qui est le père.

Ainsi, le 28 juillet 1867 à 18h, au domicile de ses parents, Almédorine met au monde une petite fille : Marie Almédorine.

En ce Noël 1870, Frédéric a le cœur lourd. Il est entouré de ses enfants et de sa petite-fille mais Albertine ne peut plus cacher son état. Elle n’a que 15 ans et 5 mois et devrait accoucher d’ici 2 à 3 mois… Et comme sa sœur, elle refuse obstinément de révéler le nom du père. Pourtant, il pensait pouvoir la surveiller mieux que sa sœur, elle n’a pas loué ses services dans une ferme, elle est couturière à la maison… Et puis, il la trouve bien jeune et fragile, supportera-t-elle un accouchement ?

Vendredi 10 mars 1871, la journée a été longue et douloureuse pour Albertine. Et à 22h00, elle accouche enfin d’un petit garçon. Mais hélas, le bébé décède. Charles Frédéric n’aura vécu qu’une heure et demi.

1872 : encore un Noël contrariant pour Frédéric : Almédorine, qui a trouvé une place dans une ferme à La Haye Aubrée, est de nouveau enceinte, et elle est toujours obstinément muette sur l’identité du père. Ça jase dans le voisinage, n’est-il donc pas capable de tenir ses filles ?

Almédorine revient s’installer chez ses parents pour vivre la fin de sa grossesse, elle n’est plus utile sur une ferme dans son état. Émilie « Almédorine » voit le jour le 20 mars 1873 à 23h00 chez ses grands-parents.

Noël 1873 : Frédéric et Sévère fêtent Noël entourés de leurs enfants et petits enfants. Il y a du monde autour de la table. Almédorine sa fille a 25 ans, Marie et Almédorine ses petites filles ont 6 ans et 9 mois et se portent bien. Albertine sa deuxième fille a 18 ans et demi, la troisième, Adelina, 17 ans. Enfin, son fils Henri fêtera ses 7 ans au printemps. En cette veillée de Noël, Frédéric aspire à un peu de sérénité.

1874, il doit être écrit que Frédéric ne pourra vivre serein : Albertine qui vient de fêter ses 19 ans est de nouveau enceinte.

5 décembre 1874, de nouveau une longue et éprouvante journée pour Albertine : Ferdinand Albert Désiré voit le jour à 22h00 mais il n’est pas bien portant, et la nuit suivante à 1h00 du matin, il décède, il n’aura vécu que 28 heures.

30 septembre 1878 : enfin une occasion de se réjouir, Frédéric marie sa première fille Almédorine. Elle a déjà 30 ans et le futur, Louis Prudent MARAIS en a 39. Ils se sont rencontrés à Bourneville, là où ils sont tous les 2 domestiques. Louis a bien voulu d’Almédorine et de ses deux filles, Marie, 11 ans, et Almédorine 5 ans et demi. Peut-être Frédéric aura-t-il enfin des petits enfants légitimes ?

8 janvier 1880 : c’est au tour d’Adelina, 23 ans, de se marier. Le futur, Louis Mathurin CARRIÉ, 26 ans, est cordonnier à Rougemontiers. Au moins, Adelina a préservé l’honneur de sa famille avant le mariage !

Hélas, la fin de l’année sera plus triste pour la famille Mazot : Almédorine décède le 17 novembre 1880 à Bourneville, elle avait seulement 32 ans. Elle laisse derrière elle 2 orphelines : Marie a 13 ans et Almédorine 7 ans et demi.

1882 et 1885, Adelina donne 2 petits-fils à Frédéric et Sévère : Fernand Louis Aimé le 3 janvier 1882 et Henri Louis le 27 avril 1885.

En 1886, Albertine a 30 ans et se marie enfin. Elle épouse Louis Désiré BENARD âgé de 33 ans, veuf depuis 7 mois et père d’une petite fille de 2 ans et 9 mois. Il faudra attendre plus de 11 ans pour qu’une fille vienne agrandir la famille : Louise Marie Albertine naît le 17 octobre 1897.

Le 14 février 1887, Marie, la fille aînée d’Almédorine, âgée de 19 ans et demi, met au monde à l’hospice d’Evreux, un petit garçon prénommé Léon. Elle est célibataire et domestique à Villez-sur-le-Neubourg, à une trentaine de kilomètres d’Evreux. Elle répète l’histoire de sa mère…

Lorsqu’elle épouse Désir André DUCHENE 2 ans et demi plus tard, le 7 septembre 1889, les époux reconnaissent Léon comme étant leur enfant et le légitime. Frédéric est soulagé : cet enfant là aura un père.

Le 19 avril 1892, une 3e petit-fils agrandit la famille : Adélina met au monde Albert Désiré.

Mais Frédéric est bien las, il sent ses forces le quitter et le 9 décembre 1892 à minuit, il rend son dernier souffle à l’âge de 67 ans.

Adélina aura encore 3 enfants : Henriette (1895), Maurice (1895) et Aliette (1901).

Henri, le seul fils de Frédéric, se marie en 1894 et n’aura (à ma connaissance) qu’un seul enfant.

Sévère vivra jusqu’à 84 ans : elle s’éteint le 26 août 1908 à Rougemontiers chez sa fille Adélina.

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